Récit. Courant janvier 2024, les écoles et établissements ont reçu une circulaire pour la mise en place expérimentale d’une application de suivi des Élèves Allophones Nouvellement Arrivés (E.A.N.A.).

Si une partie des informations à saisir, relatives au suivi de scolarité des EANA entre dans nos missions, la partie à renseigner relative aux situations administratives des familles est hors de propos car elle demande notamment si ces familles ont des papiers ou non…

Nous avons, lors des dernières instances départementales, questionné l’administration sur la pertinence et la légalité du formulaire à remplir concernant les familles des élèves allophones. Au-delà d’une réponse très technique sur la partie pédagogique, la DASEN nous a assuré que les informations administratives collectées le sont à des fins statistiques, dont elle convient n’avoir aucunement besoin pour le suivi de scolarité de ces élèves à besoins particuliers.

Inquiets de l’utilisation de ces données, nos organisations et notamment la FSU-SNUipp28 ont saisi la CNIL, alerté le Rectorat ainsi que le ministère de l’Éducation Nationale. Pendant les congés d’hiver, nous avons appris que le ministère reconnaissait le caractère inutile et illégal de cette partie de l’application EANA. Le ministère précise que, dès maintenant, la DSDEN doit retirer la partie administrative de l’application EANA.

Nous nous assurerons dans les jours qui viennent que l’application EANA soit effectivement modifiée et que les éléments éventuellement déjà saisis dans cette partie de l’application soient détruits.

Cette dérive des pratiques administratives nous inquiète et nous la dénonçons. Elle témoigne de combien l’administration a pris l’habitude de mettre en œuvre des procédures et des actions en dehors de tout contrôle en amont que ce soit par la hiérarchie ou dans le cadre du paritarisme et donc potentiellement en dehors de tout cadre réglementaire comme c’est malheureusement le cas ici.

Pire encore, cette dérive participe de la dérive vers l’Extrême-Droite et ses idées de notre société, dérive que nous combattons de toutes nos forces. Oui, l’Eure-et-Loir comme toute la France sont des terres d’immigration. Des étrangers y vivent, y grandissent, y travaillent. Ils doivent y être accueillis dignement c’est-à-dire dans le respect de tous leurs droits (y compris celui à l’éducation) et en conformité avec les principes républicains qui ornent les bâtiments publics : Liberté, Égalité, Fraternité.

La FSU28 salue ici le courage des fonctionnaires « qui n’ont pas fonctionné » mais au contraire ont su immédiatement alerté leurs représentants des personnels de cette dérive contraire à leurs missions de service public d’éducation.