Chartres le 2 juin 2017

Réponse aux questions de la FSU28

Fiche n°1 : collectivités locales : dotations en baisse, services publics dégradés

Votre tableau des effets des baisses des dotations aux collectivités locales est parlant, et je partage votre analyse : le désengagement de l’État entraîne mécaniquement de la part des collectivités territoriales des choix de dégradation des services publics de proximité (route, école, aide sociale…). Faut-il pour autant déplorer la poursuite (d’ailleurs limitée) des investissements, en s’en prenant seulement aux élus soucieux de réélection ?
A mon sens, l’essentiel du problème réside bien dans le désengagement de l’État, qui entraîne, outre une dégradation globale des services, une plus forte inégalité entre territoires : la somme des intérêts territoriaux représentés par les Conseils Départementaux n’est pas l’intérêt général (c’est particulièrement visible pour les routes) ; or la République a un devoir d’égalité de traitement devant les citoyens, et c’est d’abord ce principe qui est aujourd’hui mis en cause. Quant aux grands investissements, ils doivent être pilotés par l’État, dans un même souci d’égalité entre territoires, entre populations, au bénéfice de l’intérêt général de la nation.

Fiche n°2 : l’apprentissage : solution miracle ?

Évidemment NON ! Selon moi l’éducation vise avant tout à la formation de l’être humain et du citoyen, quelle que soit la voie choisie. Le système éducatif doit être en permanence guidé par le souci de dispenser, voire de fonder une culture commune.
Le projet du PCF pour l’École énonce les choses ainsi :

« Promouvoir le partage et la mise en commun pour construire une culture commune de haut niveau par le dialogue entre les cultures de chacun.

Enseignement à égale dignité des cultures technique, professionnelle, scientifique, artistique et sportive dès le début de la scolarité obligatoire ».
Concernant plus particulièrement l’enseignement professionnel, il propose d’ « introduire un enseignement de philosophie en terminale professionnelle ; et de renforcer les enseignements littéraires et scientifiques dans la voie professionnelle du lycée », et de » supprimer l’apprentissage avant la fin de la scolarité obligatoire » que nous voulons amener à 18 ans.

Quant à votre dernière appréciation, elle me semble rencontrer notre proposition suivante : « L’existence indispensable d’équipes pluri-professionnelles exige le recrutement de personnels assurant la présence dans chaque établissement de professionnels de l’enfance et de l’adolescence dans le domaine de la médecine et du secteur social. »

Fiche n°3 : Collèges, Lycées : l’autonomie, premier pas vers la concurrence ?

Je partage globalement votre analyse de la mise en concurrence sous couvert d’autonomie des établissements : bizarrement ce sont toujours, in fine, les départements et zones socialement défavorisés qui malgré les dispositifs actuels d’enseignement prioritaire, se retrouvent scolairement les plus démunis. C’est inacceptable !
Le projet communiste se présente comme une « révolution démocratique : réaliser l’égalité dans le système éducatif », et se donne comme objectif « de refonder le système éducatif en prenant pour référence l’élève qui n’a que l’école pour réussir », de « fonder une école qui permettra à tous les futurs citoyens de s’approprier des savoirs complexes ».
Les parlementaires communistes ont fait inscrire dans le code de l’éducation l’axiome « tous capables ! » Reste à le faire passer dans le réel, et pour cela à battre en brèche les dogmes et processus libéraux de mise en concurrence et de réduction des coûts. Notre analyse est que le « collège unique », tant décrié par la droite, n’a jamais vraiment vu le jour et qu’il reste à construire, en portant notamment le budget de l’Éducation nationale à 7% du PIB.
Il convient aussi de lancer un grand plan de lutte de contre les inégalités, en passant d’une logique de zonage qui met les établissements en concurrence à une priorité à l’éducation sur tout le territoire, en reconstruisant un cadre national garant de l’égalité, par rétablissement d’une carte scolaire démocratiquement élaborée, imposée à tous, en homogénéisant l’offre de formation en collège et en lycée avec une carte nationale des formations publiques, en mettant fin à l’autonomie des établissements et en lui opposant une gestion démocratique, basée sur la coopération et la complémentarité.

Fiche n°4 : la réforme des rythmes scolaires a perturbé le fonctionnement des écoles

Votre référence à l’alternance 7 semaines de travail/2 semaines de congés me semble pertinente : elle est malheureusement bien souvent mise à mal pour des raisons économiques liées au tourisme d’hiver… qui ne concerne pourtant qu’un enfant sur 10, au plus ! Avec la réduction du temps proprement scolaire puis la mise en place des TAP, on voit se multiplier les exemples d’inégalité face à l’école.
Selon moi, si l’on veut que le temps périscolaire respecte lui aussi le principe d’égalité, il faut soit une péréquation des fonds municipaux, soit une prise en charge directe par l’État.
Le projet l’École en commun préconise, lui, de « sortir de l’impasse des rythmes scolaires en rétablissant les 2 heures d’école supprimée par la droite en 2008, sans allonger le temps de travail des enseignants. » « Il faut plus d’école, pour que tous les apprentissages nécessaires à la réussite scolaire se passent à l’école. C’est à cette condition que l’on pourra en finir avec la culpabilisation des familles et associer réellement les parents, en particulier les parents des milieux populaires, au travail de l’école, pour la réussite de tous les enfants. »
Là encore vous constaterez sans doute la convergence de vos revendications ou appréciations et de nos propositions.

Cette convergence nous donne, aux uns et aux autres, chacun à sa place, militants syndicaux et politiques, la responsabilité de persévérer dans nos efforts concrets, quotidiens et de longue portée, pour une fonction publique et un système éducatif vraiment porteurs des valeurs républicaines, auxquelles, en dépit de certaines apparences, notre peuple est profondément attaché. Elu député, je m’engage à entamer sans tarder des débats concrets avec les représentants que vous êtes, et avec les autres acteurs de l’école et des services publics.

Hugues VILLEMADE

candidat à l’élection législative

dans la première circonscription d’Eure-et-Loir

soutenu par le PCF, membre du Front de gauche

et un collectif de 200 personnes