Fonctionnaires, parents d’élèves, citoyens, nous sommes tous attristés et révoltés après le meurtre barbare de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie au collège de Conflans-Sainte-Honorine.
Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à ses élèves, mais aussi à tous ses collègues enseignants de Conflans et d’ailleurs. Nous leur exprimons toute notre sympathie et notre solidarité.
Nous nous sommes rassemblés hier pour rendre hommage à Samuel Paty, assassiné parce qu’il faisait son métier d’enseignant.
L’école est le lieu de la construction du citoyen et de sa liberté de conscience, de la formation d’esprits éclairés par la pratique du débat.
S’en prendre à l’école, c’est attaquer ses missions d’apprentissage et d’émancipation.
Attaquer un professeur, c’est attaquer un pilier de notre démocratie et de notre République.
L’assassinat de Samuel Paty touche le corps enseignant, et touche tous les agents du service public, en particuliers ceux de la Culture. Nous, qui n’avons pas oublié qu’en 2015, c’était la culture qui était visée par-delà les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan. Et la plaque en hommage à Hugo Sarrade *, tombé au Bataclan, est là pour nous le rappeler.
Non, pour nous, Samuel Paty n’était pas un soldat de la laïcité tombé pour la patrie.
Mais il était un serviteur de l’État, comme l’étaient les trois policiers tués le jour de l’attentat de Charlie, comme l’était le gendarme Beltrame tué en novembre 2018 dans l’Aude.
Défendre l’école, défendre la république, c’est aussi défendre ses agents, et leur donner la considération et les moyens pour réaliser leurs missions.
Défendre l’école, c’est refuser les discours de haine, de stigmatisation ou de division qui crée un climat de guerre civile et d’incidents.
La devise de la République doit rester la liberté́, l’égalité́ et la fraternité́.
Mais on ne peut proclamer les valeurs républicaines tout en détruisant peu à peu les services publics.
Mais on ne peut proclamer la liberté tout en continuant à restreindre les libertés publiques.
On ne peut proclamer l’égalité sans mettre les moyens pour lutter contre la misère, qu’elle soit économique, sociale ou culturelle.
On ne peut proclamer la fraternité tout en stigmatisant une partie des citoyens, en brandissant le choc des civilisations ou l’affrontement communautaire.
Plus de politiques sécuritaires ne feront que renforcer les tensions dans la société et donc autour de l’école.
Nous voulons croire que ceux qui veulent nous diviser n’y arriveront pas.
L’obscurantisme se combat par l’éducation et la culture, avec le progrès social, la paix dans le monde, et la défense des droits et des libertés.