La FSU organise ce colloque parce que c’est un enjeu négligé par le Ministre de l’Education nationale
mais pour la FSU c’est une priorité. Aujourd’hui nous en reposons tous les enjeux et nous interpellons
publiquement le Ministre sur l’urgence à prendre les mesures nécessaires pour permettre à l’Education
prioritaire de jouer tout son rôle.
Dans une société où les inégalités ne cessent de se creuser, qu’il s’agisse de l’emploi, du logement, des
transports, de la culture, de la lutte contre les inégalités scolaires… les politiques d’éducation
prioritaire mises en place depuis des décennies visent à permettre, par des moyens différenciés,
d’assurer l’égalité.
L’enjeu de l’éducation prioritaire est celui de l’accessibilité de toutes et tous aux savoirs et à la culture
commune, avec des ambitions et des exigences identiques partout sur le territoire. Cela nécessite
l’engagement de moyens, dans une logique compensatoire de ressources spécifiques, pour mieux
assurer les missions d’enseignement et d’éducation, pour mieux former et accompagner les personnels.
Et tout cela, de la maternelle au lycée. La finalité d’une telle politique pour la FSU est l’égalité d’accès
à l’éducation et aux poursuites d’études. Nous ne pourrions nous contenter des parcours d’excellences
et des réussites singulières de quelques élèves … c’est toutes et tous qui doivent accéder aux savoirs et
aux qualifications.
Malgré les insuffisances, cette politique est indispensable car que serait la situation de nombreux
jeunes aujourd’hui sans l’éducation prioritaire ?
Mais la démocratisation de la réussite scolaire nécessite une justice sociale qui ne caractérise pas les
politiques actuellement mises en œuvre. Les volontés de transformation annoncées par le Ministre de
l’Éducation ou proposées par le rapport Mathiot-Azéma sont loin d’être rassurantes pour la FSU.
Ainsi, la fin de la labellisation, dans le contexte d’une politique de restriction budgétaire, aurait des
conséquences très défavorables. A défaut d’être « sanctuarisés » par la labellisation, les moyens seront
répartis de façon très inégalitaire selon les établissements, et à court terme, ils se dissoudront au gré de
la définition successive d’autres priorités. La revalorisation de l’indemnisation des personnels est
concentrée sur les REP+ mais ailleurs, la revalorisation promise pendant la campagne présidentielle
reste lettre morte. Quant à la territorialisation, comment ne pas craindre qu’elle s’asservisse aux enjeux
politiques locaux, au mépris de critères transparents d’attribution ? Enfin la mise en place des cités
éducatives risque de mettre à mal le cadre national des politiques éducatives et l’équité territoriale,
sans accorder aux apprentissages scolaires la place centrale nécessaire pour démocratiser la réussite
des élèves.
La FSU estime qu’il est grand temps de remettre la question de l’Éducation prioritaire au cœur des
discussions et des politiques à mettre en œuvre sans plus tarder. L’urgence est la préoccupation que
nous avons des élèves les plus éloignés de l’éducation, du rapport des classes populaires à l’Ecole, le
souci de la réussite des élèves défavorisés.C’est le sens du colloque qu’elle a organisé aujourd’hui.
La FSU porte particulièrement 2 axes pour assurer comme il se doit la réussite de tous les jeunes
scolarisés en éducation prioritaire :
– Axe 1 : Accompagner mieux les personnels dans leurs métiers
– Du temps pour mener le travail en équipe (pédagogique, pluriprofessionnelle)
– Développer et améliorer la formation initiale et continue
– Rompre avec un management autoritaire et injonctif et favoriser un travail serein
avec la hiérarchie, l’institution, la recherche et permettre aussi une mutualisation du
travail des personnels
– Donner des moyens supplémentaires en personnels pour réussir l’inclusion des
élèves à besoins éducatifs particuliers
– Axe 2 : Donner les moyens nécessaires
– Réduire les effectifs des classes et non pas que dans certaines classes,
– Établissement d’une carte de l’Éducation Prioritaire qui réponde à des critères
transparents (économiques, sociaux et scolaires) établie au plan national.
Il s’agit aussi d’engager un travail sur la sectorisation qui permette une meilleure
mixité sociale. Cette carte doit inclure les écoles (notamment « orphelines ») et les
établissements (collèges et lycées) qui en relèvent. La FSU demande la réunion de
tous les établissements « Éducation prioritaire » sous un label unique. Elle revendique
qu’y soit inclus les lycées (professionnels, généraux et technologiques y compris
agricoles et maritimes)
– Un ensemble de mesures tant dans le domaine des moyens que de la rémunération
pour renforcer l’attractivité des REP y compris chez des collègues expérimentés.
– L’appui des collectivités territoriales est essentiel par exemple pour faciliter l’accès
des enfants et des jeunes à la culture, mais les organisations partenariales doivent
respecter les champs d’intervention, les missions et les compétences de chacun.
C’est tout cela que la FSU va continuer de porter et revendiquer. Elle va le faire avec
l’ensemble des personnels.
Ce colloque est un témoignage de son engagement pour que l’Education prioritaire
permette réellement la réussite de tous les élèves qui y sont scolarisés.
Ces travaux seront prolongés par des Etats généraux de l’Education prioritaire que la
FSU organisera au début de l’année 2020.
Les Lilas, le 02 octobre 2019