La suspension de la part collective du pass culture s’éternise… anéantissant toutes les envies de projets que nous pourrions avoir pour nos élèves…mais pas notre mobilisation pour l’accès de tou-te-s à la culture partout ! Signons et faisons signer cette pétition initiée par la Ligue de l’Enseignement d’Eure-et-Loir et soutenue par un large collectif dont la FSU28 fait partie.

Autre action : Sur une idée originale de la CGT Spectacle, nous vous invitons également à témoigner de vos souvenirs heureux de projets artistiques à l’école au bout de ce lien.

Pourquoi cette mobilisation ? Récit.

Pour mémoire, la part collective du Pass Culture a vu le jour en 2022.Il s’agit d’une somme attribuée aux collèges et aux lycées (publics ou privés sous contrat…) pour les élèves de la sixième à la terminale, destinée à financer des activités d’éducation artistique et culturelle (EAC), dans le cadre scolaire. Adage est l’interface dédiée à son utilisation.

Elle permet aux professeurs de financer des ateliers, des interventions, des spectacles… (dans une certaine mesure, puisque la somme attribuée n’est pas extensible : 25 euros par élève, de la sixième à la troisième ; 30 euros par élève, pour les secondes et les élèves de CAP ; 20 euros par élève, pour les premières et les terminales). Le référent culture, nommé dans chaque établissement, est l’interlocuteur privilégié des professeurs pour ce dispositif.

Avant 2022, bâtir un projet, le mener à terme s’avérait de plus en plus compliqué du fait de la multiplication des démarches administratives à accomplir et de la masse de documents à fournir (c’est toujours le cas pour les voyages, par exemple). La mise en place de ce dispositif a nécessité une adaptation chronophage pour certains, mais a permis, en fin de compte, de faciliter le financement des projets et la mise en relation avec les artistes. Petit bémol : les collèges urbains, situés à proximité des « lieux de culture », pouvaient en profiter plus aisément que les collèges ruraux. De même, les artistes indépendants ont peut-être eu davantage de difficultés à s’inscrire sur Adage que les autres.

Comment expliquer qu’une somme clairement définie selon l’effectif de chaque établissement, dès la rentrée scolaire, ait pu être suspendue au beau milieu de l’année ? Il s’agit d’une promesse non-tenue ! Comment percevoir cela autrement que comme une nouvelle marque de mépris ? Qu’en est-il des artistes, avec lesquels nous avions pu tisser des liens, bâtir des projets et qui comptaient sur cette source de revenus ?

Peut-être étions-nous censés ne pas utiliser toute la somme , comme cela a pu avoir lieu lorsque nous n’avions pas encore bien pris en main le dispositif ? En effet, cela a pu demander un peu de temps d’appropriation…comme souvent, scolaires, de bonne volonté, nous nous y sommes attelés, en vain.

En fin d’année scolaire, les enseignants connaissent la somme allouée pour l’année d’après, ils imaginent des projets en conséquence, veillent à ce que ceux-ci soient variés, équitablement répartis entre les niveaux / les classes / les disciplines. Suspendre le pass culture, au beau milieu de l’année scolaire, brise cette recherche d’équilibre.

En outre, cette décision annule tous les projets de fin d’année qui n’auraient pas encore été validés générant de la frustration, de l’indignation, un sentiment d’injustice.

Nous n’évoquerons pas les dernières heures d’ouverture de la plateforme, source d’anxiété extrême pour les enseignants porteurs de projets et leur chef.

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’un enseignant qui tient à ouvrir ses élèves à la culture, leur permettre de développer leur sensibilité et leur sens critique en les mettant au contact de l’inconnu, doit s’armer de patience, œuvrer, sans aucune reconnaissance matérielle ni immatérielle. Dans ce pays où seules les économies budgétaires comptent (au bénéfice des plus riches), les élèves sont éduqués de façon de plus en plus uniforme, les options et le contact avec la culture étant réduits au strict minimum voire, dans certains endroits isolés, à néant. Et qu’en est-il des milieux les plus défavorisés, dans lesquels les élèves ne peuvent compter que sur l’école pour accéder à la culture ?Que souhaitons-nous pour les générations à venir : des clones vides et formatés ou des êtres éclairés et riches de leurs différences ?

Appauvrir l’éducation et la culture, c’est appauvrir les esprits.