Chartres, le 06 septembre 2021
Depuis la prise du pouvoir par les talibans, le 15 août dernier, la population afghane subit le joug du nouveau pouvoir, de larges fractions sont plongées dans la terreur.
Faits confirmés par les ONG et le Haut-Commissariat aux Réfugiés, les femmes sont les personnes les plus menacées par les talibans, aux côtés des minorités religieuses et ethniques et des personnes LGBTI+, des partisans des droits humains ainsi que les Afghans ayant travaillé avec les Occidentaux.
Ce que risquent à nouveau les femmes en Afghanistan, 20 ans après le premier régime fondamentaliste, c’est leur disparition de l’espace professionnel et de la sphère politique, le reflux de la scolarisation des jeunes filles, un espace public où elles ne pourront plus apparaître que sporadiquement et au prix de l’effacement de leurs corps et de leurs visages.
Cette régression marque l’échec de la stratégie d’intervention militaire des États-Unis et de ses alliés, dont la France, menée au nom de la lutte contre le terrorisme, en soutenant un régime corrompu, et sans donner au pays les capacités de se structurer pour installer un fonctionnement démocratique.
En ces jours où les évacuations par la France et les pays occidentaux ont cessé, une tragédie se joue en matière de droits humains. Les informations qui nous parviennent des zones d’Afghanistan occupées par les talibans avant leur arrivée dans la capitale, confirment déjà les craintes des ONG : contrairement aux propos des porte-parole talibans, les menaces sont déjà suivies de meurtres dans les provinces.
Nous, membres du collectif AERéSP28, exprimons notre solidarité avec les femmes, les minorités ethniques et religieuses, les défenseur·e·s des droits humains et toutes les personnes aujourd’hui menacées en Afghanistan.
La Cour nationale du droit d’Asile (CNDA) ne doit pas justifier un traitement moins protecteur pour les demandeurs d’asile, sous prétexte que le conflit armé entre les talibans et le précédent gouvernement a cessé. Nous demandons donc que les réfugiés bénéficient de la « protection subsidiaire » car pour ces personnes, retourner dans leur pays d’origine continue de constituer un risque.
Quant aux Afghanes et Afghans qui bénéficient actuellement de la protection de la France, il est urgent que leurs familles puissent enfin les rejoindre.
Nous demandons l’arrêt sans délai de toute mesure d’éloignement (OQTF) à l’encontre des demandeuses et demandeurs d’asile afghans ainsi que la fin de la procédure Dublin qui les condamne à l’errance en Europe.
En Eure-et-Loir, nous appelons les collectivités locales et les associations à s’engager dès aujourd’hui résolument dans cet accueil.
Il en va de notre humanité et de notre combat pour la protection de toute personne en danger dans son pays.