https://lesprosdelapetiteenfance.fr/une-lettre-ouverte-de-linstitut-boris-cyrulnik-choquante-et-polemique?fbclid=IwAR2JhMFipNGgBf5OCfbo1tVCjZaxjNDRecj1U0YsGt2JTkHqh–OwTyrebYL’institut Boris Cyrulnik prend la parole au nom des professionnels de la petite enfance pour dénoncer les carences des centres de PMI dans la prise en charge de la crise sanitaire que nous traversons. Et critique notamment son attitude vis à vis des professionnels de la petite enfance. Une lettre au goût amer et peu solidaire à laquelle la Plateforme  Assurer l’Avenir de la PMI répond point par point.

La situation que nous vivons est inédite. Les réactions qu’elle engendre le sont aussi ! Alors que l’on pourrait s’attendre à de la solidarité entre tous les professionnels de la petite enfance, engagés dans un même combat – contribuer du mieux qu’ils peuvent à la lutte contre ce méchant virus le Covid-19 qui entraine une crise sanitaire exceptionnelle et exponentielle – on assiste à des comportements qui s’apparentent à de la calomnie !

Une démarche surprenante
Une lettre ouverte à l’en-tête de l’Institut petite enfance (IPE) Boris Cyrulnik et signée par Boris Cyrulnik, président de l’IPE mais aussi de la Commission des 1000 jours, Philippe Duval, directeur de l’IPE mais aussi du groupe de presse TPMA et de Anne Sophie Rochegude, directrice de l’IPE, dénonce les manquements de la PMI dans la crise actuelle et par là même la mise en danger des professionnels de la petite enfance.
Cette lettre ouverte est adressée au président de la République, au Premier Ministre et à Olivier Veran, ministre des Solidarités et de la Santé et à ses deux secrétaires d’État Christelle Dubos et Adrien Taquet.
Titrée « Les professionnels de la petite enfance en danger », la lettre dès ses premières lignes donne le ton :  agressif et orienté. « Si l’heure est à l’action écrivent les trois signataires, à l’engagement, cette période demande que chacun tienne le rôle qui lui est dévolu.  Or, si certains le tiennent (et nous félicitons l’ensemble des professionnels de la petite enfance), d’autres ne semblent pas y répondre et, en la matière, nous pensons aux centres de Protection Maternelle Infantile (PMI) et plus précisément aux responsables de PMI ayant la responsabilité des structures d’établissements d’accueil des jeunes enfants (EAJE) et des assistants maternels. »

Les centres de PMI montrés du doigt
Et la lettre poursuit sur sa lancée avec autant de verve.  Notant au passage que quelques centres ont fait leur job d’accompagnement, elle stigmatise tous les autres : « la plus grande partie font preuve de négligence, de retrait et ou d’inadéquation  totale : autant de comportements mettant en danger les professionnels de l’enfance ; autant de comportements les laissant seuls à eux -mêmes,avec un poids plus que conséquent ; autant de comportements ouvrant la porte à des conséquences sanitaires qui, dans le contexte actuel , peuvent être dramatiques.»
Tout est à l’avenant. Puis vient une longue liste de « demandes » de Pmi incompréhensibles ou des comportements défaillants.
Et de s’indigner : « Ne peut-on pas attendre légitimement pour ces professionnels petite enfance des réponses et des moyens non seulement légitimes, nécessaires et cruciaux, mais aussi adaptés à leur profession ? »
Enfin  de conclure par une supplique : « Offrez aux professionnels de l’enfance ce regard que vous développez pour d’autres, cette attention si cruciale (…). Considérez cette lettre comme ce qu’elle est, à savoir un plaidoyer, un plaidoyer d’urgence. » Evidemment surce dernier point, il y a consensus. Oui, souvent les professionnels de la petite enfance sont oubliés dans les discours  présidentiels ou gouvernementaux alors qu’ils jouent un rôle important en accueillant les enfants des personnels prioritaires notamment.

La réaction de la PMI : une lettre violence et injuste
La plateforme « Assurer l’avenir de la Protection Maternelle et Infantile » a répondu dans un communiqué à cette lettre ouverte, intitulé « L’institut Boris Cyrulnik veut-il la peau du service public de la PMI ? ».
« L’Institut Boris Cyrulnik vient d’adresser une lettre ouverte au président de la République d’une rare violence à l’égard de services de PMI, résumée par ces mots que la lettre ouverte prête au président de la République « on se souviendra de ceux qui n’ont pas été à la hauteur ». La Plateforme regrette l’amalgame fait : il existe 101 centres de PMI et ils sont tous indisctinctement accusés  grosso modo de négligence voire d’incompétence vis-à-vis des modes d’accueil notamment.
Pas à la hauteur, reprenant cette formule, le communiqué prend point par point la défense de la PMI qui depuis près de de 30 ans a plutôt été « à la hauteur » de ses missions dans un contexte où elle était parfois dépourvue de moyens.
Le texte note d’ailleurs que «  dès le 17 mars , les associations et syndicats de professionnels de PMI ont été en dialogue ace le ministère des Solidarités et de la Santé et au sein de leurs départements pour que des plans de continuité des activités de la Pmi maintiennent  en place des actions prioritaires de prévention et de santé publique sur un maximum de territoires  et  qu’ils ont aussi alerté des conséquences pour la santé des assistantes maternelles et des familles du fait des décisions officielles élargissant leur capacité d’agrément  ( …) »

Le communiqué, magnanime et « prenant de la hauteur » se termine en ces termes : « Les services et professionnels de PMI sont les premiers conscients que leurs pratiques sont perfectibles, ils aspirent) âtre toujours mieux « à la hauteur ». Ils sont donc prêts à réfléchir et travailler à toute forme de « résilience » qui ne saurait s’opérer qu’avec la nécessaire bienveillance à l’égard des indispensables services publics de prévention en santé périnatale, familiale et infantile ».

Un coup bas dans le contexte actuel
Nous avons souvent pointé les incohérences de quelques PMI en début de crise sanitaire. Car des couacs, il y en a eu. Plongant souvent dans l’embarras les assistantes maternelles ou les structures d’accueil.  Néanmoins les professionnels du secteur de la petite enfance ont plutôt intérêt à se serrer les coudes et à rester « groupés ».
Cette démarche, dont l’ un des signataires est le président de la commission des 1000 jours installée en novembre dernier par Emmanuel Macron lui-même, (n’y va-t-il pas confusion des genres ? On peine à croire que le professeur Cyrulnik ait donné son accord pour une telle lettre), semble particulièrement déloyale et malvenue.
De la cacophonie , il y a en a eu. Du côté des départements et du côté du gouvernement. Pas facile pour les PMI (qui rappelons-le dépendent des départements) d’adopter d’emblée une ligne de conduite claire. Il est vrai qu’il est facile de savoir ce qu’il faut faire quand on n’est pas aux commandes !
Rappelons enfin qu’une réforme de la PMI est en cours, que son rôle dans les modes d’accueil est à l’étude (la Caf pourrait se charger des agréments). Cette lettre de l’Institut Boris Cyrulnik tomberait-elle à pic ou est-ce une simple coïncidence ?

Didier Bourgoin

SNUTER-FSU

La FSU Territoriale