Communiqué collectif Paris, le 3 mai 2022
Le lundi 25 avril 2022, la justice turque a prononcé un verdict qui confirme un point de non-retour pour ce qui reste du système judiciaire en Turquie.
A l’issue du procès dit de « Gezi », Osman Kavala, entrepreneur philanthrope, figure importante de la société civile et détenu depuis 4 ans malgré les décisions de la CEDH et de la Cour constitutionnelle de Turquie, a été condamné à la perpétuité aggravée – la peine maximale – pour « tentative de renversement du gouvernement ».
Mücella Yapıcı, Çiğdem Mater, Hakan Altınay, Mine Özerden, Can Atalay, Tayfun Kahraman et Yiğit Ali Ekmekçi, ont chacun écopé de 18 ans de réclusion. Il s’agit de représentant.e.s de la Plateforme de Solidarité Taksim crée lors des protestations qui avaient gagné l’ensemble du pays en 2013. Cette plateforme regroupait des organisations professionnelles d’architectes, ingénieurs, avocats, artistes, journalistes, médecins, syndicalistes, représentants de diverses associations et partis politiques opposés au projet de destruction du parc Gezi.
Alors que, par deux fois déjà, l’accusation avait été déboutée et les accusés relaxés, cette fois-ci, les
nouveaux juges n’ont même pris la peine d’étudier le dossier avant de prononcer ces sentences
iniques.
L’un des trois juges, nommé en urgence au Tribunal pénal, est un ancien candidat à la députation de l’AKP, le parti d’Erdogan.
Cette décision confirme la fin de l’Etat de droit en Turquie et porte un coup dévastateur à Osman
Kavala, à ses coaccusés et à leurs familles, mais aussi à tou.te.s celles et ceux qui croient en la justice et en l’importance des droits humains.
Celle-ci intervient dans un contexte où la répression et l’intimidation du pouvoir en place s’accélèrent
dans la perspective des élections générales prévues en 2023.
Ces dernières semaines, le député Garo Paylan a été accusé de « trahison » pour avoir soumis (pour la neuvième fois comme chaque 24 avril) une proposition de loi visant à reconnaître le génocide arménien. Cette année, toute commémoration du génocide a été interdite en Turquie. De même, une opération militaire baptisée « Griffe du tigre » a été lancée contre les régions kurdes.
Nous, les organisations signataires :
• Condamnons cette décision politique et exigeons la libération immédiate des détenus ;
• Exhortons le gouvernement français et les responsables européens à interpeller leurs
homologues turcs sur les exactions commises par le régime en place ;
• Réaffirmons notre soutien et notre vigilance sans faille à toutes les forces progressistes de
Turquie, qui résistent à l’autoritarisme, pour faire régner la démocratie.
Vive la solidarité internationale !