A VOIR ICI OU LIRE ci-dessous, l’interview de Sigrid GERARDIN, Co-secrétaire générale du SNUEP-FSU:
La réforme des lycées professionnels « va mettre en danger gravement
l’avenir de nos élèves »,
dénonce le SNUEP-FSU
Plusieurs syndicats enseignants ne participeront pas aux concertations qui débutent ce vendredi au ministère du Travail. Ils craignent notamment une réduction du temps d’enseignement au profit des stages.
« On ne peut pas négocier une réforme qui va mettre en danger gravement l’avenir scolaire et l’avenir professionnel de nos élèves », estime sur franceinfo, vendredi 21 octobre, Sigrid Gérardin, secrétaire générale du syndicat national unitaire de l’enseignement professionnel, SNUEP-FSU alors que débute les premières concertations au ministère du Travail autour de la réforme du lycée professionnel.
Plusieurs organisations syndicales, dont le Snetaa-FO (majoritaire), le Snuep-FSU ou encore la CGT ont annoncé qu’ils ne participeront pas à cette réunion entre la ministre, Carole Grandjean, et les syndicats. Une majorité des syndicats ont appelé jeudi à une nouvelle journée de grève en France le 17 novembre pour demander le retrait de la réforme voulue par Emmanuel Macron.
franceinfo : Allez-vous participer à ces concertations ?
Sigrid Gérardin : Nous n’allons pas participer à cette concertation. Nous allons par contre aller lire une lettre unitaire pour porter la parole des professeurs de lycée Pro et redire notre opposition farouche à ce projet de réforme. La ministre s’exprimait devant l’Assemblée nationale en disant que rien n’est écrit, mais en réalité, les éléments socles, c’est-à-dire plus de stages en entreprise, le calibrage des filières professionnelles tournées vers les besoins économiques locaux des entreprises de proximité et la diminution des volumes horaires sont toujours présents. On ne peut pas négocier une réforme qui va mettre en danger gravement l’avenir scolaire et l’avenir professionnel de nos élèves et qui va en plus permettre au gouvernement de supprimer à terme 5 000 postes de professeurs de lycée Pro.
Vous ne voulez pas entendre parler de cette réforme ?
Ce qu’on va demander, c’est que le ministre Pap Ndiaye s’exprime, parce que c’est quand même aberrant qu’aujourd’hui, nous n’ayons aucune expression de sa part. Nous lui demandons des groupes de travail au sein de l’Éducation nationale, avec les enseignants, les représentants des professeurs en lycées professionnels (PLP), les élèves et les familles, parce que les experts de la voie professionnelle, c’est nous. On connait les élèves, les familles, les contenus de formation. C’est nous qui certifions les diplômes et c’est nous qui connaissons les entreprises de proximité qui prennent nos élèves en stage et parfois les embauchent. D’ailleurs, ces entreprises de proximité, quand on leur dit qu’il va y avoir plus de stages, elles ne sont pas du tout d’accord.
Adapter les formations aux besoins locaux des entreprises, ce n’est pas une bonne idée ?
Effectivement, on est face à une pénurie d’emplois dans certains secteurs d’activité qui est inédite en France. Mais on connaît les causes, ce sont les conditions salariales assez déplorables, ce sont les conditions de travail qui sont très difficiles. Donc, plutôt que de venir piocher nos élèves et réduire leurs possibilités d’accéder à une formation générale de leur choix, ils feraient mieux d’abord de s’occuper de revaloriser les salaires dans leur secteur. Les filières doivent évoluer, on est d’accord, mais au prisme de l’intérêt général, en répondant à une question essentielle : de quoi le pays a besoin pour répondre aux grands de demain ? Et on sait qu’il y a des enjeux de transition écologique, de prise en charge du grand âge, de réindustrialisation de la France.
Mettons-nous autour de la table et réfléchissons aux besoins en termes d’intérêt général de la population et certainement pas pour répondre à des besoins économiques immédiats.
Sigrid Gérardin
à franceinfo
C’est quand même un scandale scolaire de vouloir instrumentaliser l’orientation des jeunes post-3e et les parcours des jeunes les plus défavorisés. On scolarise 650 000 jeunes, c’est un tiers de la jeunesse lycéenne, majoritairement issus des classes défavorisées, donc des jeunes qui arrivent chez nous un peu cabossés par la vie, avec des difficultés. Ce que disent les collègues, c’est qu’on manque déjà cruellement de temps pour leur donner une formation solide et équilibrée entre savoirs généraux et savoirs professionnels. Et aujourd’hui, on veut réduire ce temps.