Ayant appris tardivement la venue du ministre de l’Education Nationale cette semaine en Eure-et-Loir, la FSU28 a demandé à le rencontrer pour lui faire part « en direct » de la situation du département et des difficultés (nombreuses !) qu’y rencontrent les personnels. Nous avons été reçus ce mercredi en préfecture par son conseiller social M.Crusson.

La visite du ministre étant centrée sur le lancement du débat sur l’école, nous avons commencé par tenter d’en savoir plus sur les modalités de ce débat. Il nous a été répondu qu’il s’agit d’innover en partant du niveau local, des écoles, des établissements, pour faire remonter les propositions….Quel étonnement de voir ensuite dans la presse que, lors de ce premier débat local, figurait autour de la table préfète, vice-président de la région, IA etc….noyant les personnels et parents d’élèves de l’école choisie !

Ces débats ou « concertation locales » selon les propres mots du ministre doivent pouvoir déboucher sur des projets pouvant obtenir des financements par le rectorat. Mais, interrogé sur les critères de sélection de ces projets comme sur les modalités de leur élaboration, notre interlocuteur n’était pas plus en mesure de nous répondre que Mme l’Inspectrice d’Académie la veille en CTSD (voir à la fin de notre compte-rendu). Au final, cette concertation paraît bien floue et confuse. La FSU28 en a profité pour insister sur notre défiance vis à vis de ces grands machins qui se veulent démocratiques lancés par ceux-là même qui, par la loi de Transformation Destruction de la Fonction Publique ont réduit à la portion congrue les instances paritaires. De plus, au vu des éléments annoncés par le ministre, cela ne devrait concerner qu’une dizaine d’écoles ou établissements par académie, soit seulement 1,5 par département ! Comment ne pas penser que cela va mettre en concurrence les écoles et établissements donc rompre les principes d’égalité de l’École républicaine ?

Nous sommes ensuite intervenus pour dénoncer le nouveau projet de réforme de la voie professionnelle qui prévoit d’augmenter la durée de stages des élèves donc de réduire les volumes d’enseignements généraux. Ceci menace gravement la voie professionnelle et sa capacité à former des jeunes à des métiers car les PLP savent que les jeunes orientés en lycée pro ont besoin de ces enseignements généraux pour parfaire leur formation initiale et ainsi pouvoir mieux aborder le monde professionnel. Il est d’autre part certain que ces jeunes auront des difficultés à trouver plus de stages car, actuellement, ils rencontrent déjà des difficultés pour en trouver. Et cette réforme, en voulant faire correspondre la carte des formations à celle des métiers en tension, semble avant tout destinée à inciter (forcer?) les jeunes à combler les pénuries de main d’oeuvre dans ces métiers en tension, là où les employeurs de ces secteurs devraient améliorer les conditions de travail et de rémunération pour résoudre cette pénurie. Le ministère semble entendre nos réserves sur ce renforcement de l’alternance comme sur l’ensemble de la réforme. Des groupes de travail sont ainsi prévus pour discuter de cette réforme cet automne.

Nous avons ensuite abordé des problématiques départementales en mettant en exergue les difficultés rencontrées par l’école inclusive, difficultés liées au manque de personnels (AESH) et au manque de formation de l’ensemble des catégories de personnels, mais aussi à une pression locale à l’inclusion dont la généralisation des DAME à la place des IME est la confirmation. De son côté, le conseiller du ministre, étonné de cette pression, nous a répondu réfléchir à un renforcement de la place des professionnels de l’Éducation dans le processus de définition des compensations nécessaires aux élèves en situation de handicap.

Dans le temps qui nous était imparti, nous avons tenu à évoquer également :

  • les problèmes de remplacement,
  • le manque de formation initiale et continue,
  • les problèmes de manque de profs dans le second degré en raison de dotations trop étroites qui conduisent à des bouts de poste difficiles à pourvoir,
  • la dégradation des conditions d’enseignement dans les collèges REP avec des effectifs par classe qui augmente car il n’existe plus de réelles discrétisation des moyens entre collège rep et hors rep,
  • l’insuffisance de la dotation pour l’ouverture du lycée de Hanches qui va se faire par redéploiement des moyens existants pour tous les postes d’enseignants, d’AED, de Psy-EN, de gestionnaire, de proviseur adjoint…,
  • La crise énergétique et ses conséquences dans les établissements où les équipes commencent à être invitées à réduire leurs activités pédagogiques pour pouvoir payer le chauffage et le transport. Cette problématique est particulièrement vive pour les infrastructures sportives certaines étant déjà fermées dans le département, faute de moyens pour les entretenir.

Au terme de cet échange, notre interlocuteur s’est engagé à transmettre nos remarques au ministre Pap N’Diaye. De notre côté, nous avons fait de même auprès des secrétaires généraux de nos syndicats ( Guislaine David, Sigrid Gérardin, Sophie Venetitay, Coralie Benech) et de la fédération (Benoît Teste).

Vos représentant.e.s FSU : Noémie Habault, Clémentine Ingold, Pierre Licout et Céline Prier-Chéron