Congrès d’étude de la FSU 28 sur La Mixité sociale à l’Ecole (20 mai 2016)
Depuis l’automne 2015, la notion de mixité sociale est à la mode dans l’Education Nationale, que ce soit rue de Grenelle ou dans la bouche de l’Inspecteur d’Académie d’Eure-et-Loir.
Simple à comprendre, cette mixité s’avère complexe à mettre en pratique car, par exemple, il ne suffit pas de dessiner des secteurs scolaires pour que les écoles ou les collèges soient mixtes, et encore moins pour que la réussite scolaire des enfants des familles pauvres équivalent à celles des plus riches. C’est pourquoi au printemps 2016, la FSU 28 a organisé un congrès d’étude sur la mixité sociale à l’Ecole (voir dossier de présentation en pièce-jointe). Cette journée s’est déoulée autour de Marie-Aleth Grard (vice-présidente d’ATD Quart Monde, membre du CESE* et Etienne Butzbach (coordinateur du réseau CNESCO*). Résumé de cette journée.
*Conseil Économique, Social et Environnemental, chargé de conseiller le premier ministre en rédigeant des avis.
** Conseil National de l’Évaluation du Système Scolaire, mis en place auprès du ministère de l’Education Nationale par la loi de Refondation de 2013
Dans l’avis qu’elle a rédigé pour le CESE, Marie-Aleth Grard a mis en lumière des lieux où la réussite des plus pauvres existe. Elle y décrit notamment une école organisée autour de la pédagogie Freinet. Et une autre où les enseignants ont fini par réussir à entrer en contact avec toutes les familles de leurs élèves, en les faisant venir assister aux moments d’apprentissage.
L’analyse de ces lieux de réussite a amené M-A Grard à faire plusieurs préconisations pour parvenir à « une école de la réussite pour tous ». Ces préconisations insistent notamment sur le caractère inclusif de l’école. Celle-ci devrait être capable de s’adapter au rythme de chacun. Ici est souligné l’importance des dispositifs du type plus de maîtres que de classe, Rased ou de la scolarisation des moins de trois ans. L’école devrait aussi être un lieu social, c’est-à-dire en relation étroite avec les parents, les familles de façon à ce que les enfants ne vivent pas de conflit de loyauté. Ils ne doivent pas craindre de s’éloigner de leurs parents en entrant dans les apprentissages avec les enseignants. Les autres préconisations soulignent notamment l’importance des approches pédagogiques retenues par l’enseignant, donc également la qualité de leur formation initiale comme continue.
L’intégralité de ces préconisations et de cet avis sont disponibles (en pièce-jointe, en pdf).
De son côté, M.Butzbach, pour le CNESCO, a insisté sur la nécessité d’articuler plusieurs types de politiques publiques pour parvenir à développer la mixité sociale à l’Ecole. La sectorisation est sans doute la plus largement utilisée dans le monde (voir le rapport du CNESCO sur le sujet en pièce-jointe). Malgré les controverses dont elle est l’objet, elle reste le principal garde-fou contre le développement d’un marché scolaire où les Ecoles (et donc les élèves et leurs familles) entrent en concurrence les unes contre les autres. Etienne Butzbach a ici insisté sur le fait que l’Education Nationale, même si la sectorisation est de la compétence des collectivités territoriales, conserve des moyens d’action et donc d’intervention puisque c’est elle qui affecte les personnels enseignants et d’éducation dans ces Ecoles.
L’Etat doit également veiller à la qualité de l’offre scolaire qu’il propose en faisant attention à la stabilité des équipes. Mais l’ancien maire de Belfort a également insisté sur le rôle des collectivités territoriales qui doivent aussi participer à cette politique, par exemple dans leur gestion de l’urbanisation. Pour cela, un travail de conviction auprès des élus mais aussi des parents et des enseignants est nécessaire afin que tou-te-s soient convaincu-e-s de l’intérêt de cette mixité.
Ce travail ne fait que commencer. Mais cette journée aura permis d’en tracer les grandes lignes. Afin de le poursuivre, la FSU 28 a décidé d’organiser une journée de formation sur la grande pauvreté au premier semestre 2017. ATD-Quart-Monde propose une co-formation lors de laquelle des professionnels et des personnes en situation de grande pauvreté croisent leurs regards les uns sur les autres.